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COVID-19 / CORONAVIRUS / SARS-CoV-2 - 15 mars 2020 | Médical   

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Depuis décembre 2019, un nouveau virus de la famille des SARS a fait son apparition en Chine et y a produit une épidémie qui s’est rapidement étendue au reste de la planète sous forme d’une pandémie. On parle désormais de la pandémie liée au COVID-19 (nom de la maladie) ou du SARS-CoV-2 (nom du virus) qui touche la planète entière.

Qu’est-ce que ce virus ?
Le coronavirus est un virus d’origine animale (pangolins et chauves-souris) qui a également une prédilection particulière pour les tissus pulmonaires humains et plus particulièrement certaines cellules appelées ‘pneumocytes’. Le contact du virus avec le tissu pulmonaire chez l’homme entraîne une réaction inflammatoire avec hyperplasie et surproduction de mucus. Du fait de cette infection, une pneumonie interstitielle (parfois bilatérale) se développe qui peut dans certains cas évoluer vers une forme plus sévère appelée syndrome de détresse respiratoire aiguë (ARDS en anglais).ARDS

Est-ce grave ?Mortalité liée au Covid-19
Oui et non. Pour la majorité des individus infectés (80%), les symptômes seront légers à modérés et n’exigent pas d’être hospitalisé. Dans 20% des cas, les malades devront être hospitalisés et éventuellement placés pour une petite minorité d’entre eux dans un service de réanimation pour faire face aux complications médicales sévères (en particulier ARDS). Cette grippe frappe tous les individus mais les répercussions cliniques s’expriment surtout chez les séniors (plus de 70 ans) et ceux qui souffrent de co-morbidités (hypertension, maladie cardiovasculaire, diabète, maladie respiratoire, etc.). Ainsi, si le taux de mortalité reste inférieur à 0,1% chez les jeunes, il peut dépasser 15-18% pour les personnes âgées.
Par ailleurs, selon certains chercheurs, le coronavirus ne s’attaque pas uniquement aux cellules pulmonaires mais, via certaines protéines de surface (ORF1, 3 , 8 ,10), le virus va interférer avec la liaison de l’oxygène sur l’hémoglobine (interaction avec la porphyrine). Ce virus est donc assez insidieux car il attaque l’endroit où l’oxygène rentre dans l’organisme mais également interfère avec les véhicules de transport sanguin de cet oxygène.
Le taux de mortalité global de ce virus se situe entre 2 et 3% (loin devant celui de la grippe saisonnière qui n’est que de 0,1%). Cela signifie donc qu’environ 2 à 3 personnes parmi 100 personnes infectées mourront de ce virus. Par ailleurs, le taux de contagiosité (RO – nombre moyen de personnes auxquelles un malade risque de transmettre la maladie) se situe entre 2 et 3 (cette valeur est de 1 pour la grippe classique). C’est d’ailleurs cette valeur qui explique que la courbe actuelle de la pandémie montre une allure exponentielle et non linéaire.

 

Est-ce la même chose que les autres grippes ?
Non, chaque virus appartient à une famille bien particulière. A côté de la grippe classique rencontrée par bon nombre d’individus chaque année, il y a eu dans l’histoire récente plusieurs grippes célèbres :
Grippe espagnole (1918): cette grippe qui est du type H1N1 a touché environ 500 millions d’individus (le tiers de la population mondiale à cette époque) et provoqué la mort de 50 à 100 millions de malades. Une particularité de cette grippe (par rapport aux autres grippes): un grand nombre de malades (et de décès) correspondait à des individus jeunes (20-40 ans) en bonne santé
Grippe asiatique (1956-1958) : cette grippe de la famille des H2N2 a provoqué selon l’OMS le décès de 2 millions d’individus
– Grippe de Hong Kong (1968) : le virus appartient à la famille des H3N2 et a fait environ 1-2 millions de morts dans le monde
Finalement, nous avons la grippe classique, saisonnière qui, certes – moins virulente et moins contagieuse – provoque chaque année le décès de 250.000 à 500.000 individus dans le monde.

 

Quels sont les symptômes ? 

Sur base des patients chinois (et ensuite européens), une série de symptômes ont été observés qui ne sont pas caractéristiques de cette grippe en particulier mais qui permettent d’en délimiter le champ lors de l’examen cliniCapture d’écran 2020-03-15 à 08.08.51que.

Le principal symptôme (critère majeur) est la fièvre avec une température de plus de 38 – 38.5 °C. Cette fièvre se rencontre dans près de 9 cas sur 10. Viennent ensuite la toux sèche, la fatigue, les expectorations, les maux de tête. Cela signifie donc que si un patient présente un état de fatigue avec un nez qui coule mais sans aucune fièvre, le risque d’avoir une infection par coronavirus est faible voire très faible.

 

Durée de la contagiosité

Le Covid-19 est une maladie contagieuse essentiellement via les particules virales présentes dans l’air (aérosol). Il est donc important de garder une distance d’au moins 1 m entre chaque individu, d’éviter les poignées de mains et d’éviter les lieux confinés. Les chiffres chinois montrent qu’en moyenne 1 personne infectée va contaminer 2 à 3 autres personnes. Le temps d’incubation avant l’apparition des premiers symptômes est de 5,1 jours (valeur médiane) et peut aller jusqu’à 14 jours. Pour 97.5% des personnes infectées, les premiers symptômes étaient présents au plus tard à 11.5 jours.

 

Evolution de la maladie

Avec le temps, nous avons maintenantPandémie mondiale de Covid-19 assez de recul pour comprendre ce qu’il s’est passé en Chine et dans d’autres pays asiatiques (Corée du Sud, Taiwan,) : dans tous les cas, l’infection par le coronavirus a pris rapidement l’allure d’une épidémie avec une courbe exponentielle de nouveaux cas. Grâce aux mesure d’hygiène, de barrière sociale et aux décisions politiques mises en place, l’épidémie dans ces pays a commencé à régresser rapidement, à partir du début du mois de février 2020 (soit moins d’un mois après l’apparition exponentielle des nouveaux cas). Ce virus s’est – en raison des mouvements de foules et de transports internationaux – répandu progressivement dans le reste du monde avec une présence particulière en Iran et en Italie. Il est intéressant de voir l’évolution de la situation entre ces deux pays. D’une part, pour l’Italie, nous avons eu une très forte progression des nouveaux cas cliniques et du nombre de décès avec une réaction sévère des autorités locales et nationales (mise en quarantaine – lockdown). D’après les dernières chiffres et tendaComparaison de l'épidémie italienne et américainences statistiques, la courbe de nouveaux cas aurait atteint son maximum ce 13-14 mars et commencerait tout doucement à s’infléchir. Ce n’est malheureusement pas le cas pour l’Iran où, après une décroissance légère de nouveaux cas d’infection, le nombre de nouveaux cas a explosé. Cela est en partie liée à l’absence de mesure de confinement dans la population et la réaction (trop) tardive des autorités locales.

Actuellement toujours sur base de l’étude des courbes, la situation en Europe (et en particulier en France et Belgique) suit en parallèle ce qui s’est passé en Italie mais avec 9 à 10 jours de retard. Cela signifie donc, que si l’inflexion de la courbe italienne se vérifie, la France et la Belgique n’atteindront leur pic maximal que d’ici 9 jours (20-23 mars). La situation est assez semblable pour les Etats-Unis qui eux ont un retard de 10-12 jours sur la situation italienne.


Inflexion courbe épidémique Covid-19

 

Que signifie : « aplatir la courbe » concernant l’épidémie actuelle ?Flattening the curve - Covid-19

Les modèles mathématiques montrent clairement qu’en l’absence de mesures préventives, une épidémie survient selon un schéma très brutal en touchant un très grand nombre d’individus pour retomber également rapidement. Sans mesure préventives ayant pour but d’empêcher la diffusion du virus, le nombre de malades sévères devient important, trop important pour pouvoir être ‘absorbé’ par le système de santé en place (quel que soit le ou les pays). Cela entraîne une saturation des systèmes de santé et l’absence de traitement adéquat. En utilisant des mesures de prévention, on ‘aplatit’ cette courbe en atténuant son pic et en élargissant sa base. Cela signifie donc que l’épidémie durera certes plus longtemps mais aura un impact en terme de malades sévères nettement plus réduit, ne dépassant pas ou peu la capacité des systèmes de soins locaux.

Et les traitements ? 

Pour l’instant, il n’existe aucun traitement validé sur le plan clinique bien que plusieurs pistes dans le monde soient testées.

Ainsi, les chercheurs évaluent l’impact de certains médicaments antiviraux comme le remdesivir ou d’autres molécules ciblant plus particulièrement certaines cytokines (molécules du système immunitaire) comme l’ interleukine-1 (IL-1), IL-6, IL-18 ou l’interféron-gamma. L’utilisation en milieu hospitalier de la cortisone à haute dose permet également de faire face aux complications inflammatoires liées à l’atteinte pulmonaire. Finalement, la chloroquine et l’hydroxychloroquine permettrait de réduire l’action du coronavirus sur la fixation de l’oxygène au niveau de l’hémoglobine et donc de faciliter le transport de l’oxygène dans le sang.

Il est important d’éviter de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’Ibuprofène qui diminue les symptômes de la maladie mais interfère également avec le système de défense mis en place par notre immunité pour lutter contre le coronavirus. Cela vaut également pour les autres infections virales (rhume et grippe classique où il est bon de laisser le système immunitaire déployer ses outils de défenses). Par contre, la prise de paracétamol (Efferalgan, Doliprane, Dafalgan, etc) ne présente aucune contre-indication ou élément défavorable chez un patient présentant le Covid-19.

Pourquoi fermer les écoles, les lieux publics et confiner la population ?

L’analyse de la situation en Chine mais surtout à Taiwan et en Corée du Sud a clairement montré que les mesures de prévention liées au confinement de la population a rapidement eu une action bénéfique en réduisant le pic de l’infection et la durée de l’infection. C’est également ce qui serait en train de se passer pour l’Italie (à la date du 15 mars). Et c’est ce qui est souhaité pour les autres pays ayant mis en place ces différentes mesures. Il est important d’éviter toute contamination liées aux particules virales présentes dans la salive, crachats, éternuements ou même sur la peau. Une étude récente publiée par le Dr van Doremalen du National Institute of Allergy and Infectious Diseases aux Etats-Unis a clairement montré qu’une particule virale restait viable dans les aérosols (air) pendant 3 heures et sur les surfaces plastiques et métalliques pendant au moins 72 heures.

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